Le mot japonais Aïkido réunit trois caractères dont le sens peut se résumer ainsi : « la voie de l'harmonisation des énergies » ou « la voie de la coordination physique et mentale de l'énergie ».
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« Aï », l'harmonie | « Ki », l'énergie | « Do », la voie |
Un peu d’histoire
L’Aïkido est un art martial authentique et original qui fait partie intégrante de la « voie martiale » (budo). Il nous faut faire un peu d’effort pour essayer d’imaginer, à notre époque, tout ce qu’englobait ce concept de budo, développé au cours des siècles par la classe d’essence guerrière des bushi, catégorie qui englobait les fameux samouraïs.
En effet, jusqu’à la fin du XIXe siècle, le choix d’un homme de devenir bushi était un acte qui engageait sa vie toute entière. La formation, s’étalant sur de nombreuses années, n’était pas limitée aux techniques proprement martiales, mais s’étendait à tout le champ de l’activité sociale (lettres, poésie, musique, etc.).
Sans provenir directement de cette classe de samouraïs, le fondateur de l’Aïkido, Me Morihei UESHIBA, a reçu toute sa formation des maîtres qui dirigeaient ou héritaient de telles écoles, le plus souvent familiales, et s’est soumis lui-même pendant la majeure partie de sa vie à des entraînements et des épreuves très sévères. Avant l’âge de 30 ans, il maîtrisait déjà complètement les techniques d’armes traditionnelles comme la lance (Naginata), le bâton (Jo et Bo) ou le sabre (Ken), ainsi que les techniques de contrôle à mains nues (Jü-Jutsu).
C’est ce legs qui a donné naissance à l’Aïkido que nous connaissons aujourd’hui, riche d’un ensemble de techniques souvent d’origine très ancienne, que ce soit à l’aide d’armes ou à mains nues. Pour cette raison, l’étude de l’Aïkido comprend celle du maniement des principales armes traditionnelles : jo (bâton remplaçant la lance), boken (sabre de bois) et tanto (couteau).
Les principes
L’essence de toute technique d’Aïkido réside dans l’emploi du corps tout entier en vue de créer une dynamique autour d’un centre stable et énergique. Même lorsqu’une technique semble ne recourir qu’à une seule partie du corps, une observation approfondie montre qu’en réalité le mouvement engage le corps tout entier.
La clé de voute de l’enseignement et de l’éducation en Aïkido repose sur l’observation d’une étiquette qui établit les bases de rapports humains fondés sur le respect de soi-même et d’autrui. Au lieu de percevoir l’agresseur comme un ennemi, le but de la pratique de l’Aïkido est de ne faire qu’un avec lui.
L’Aïkido est avant tout un art du placement le plus judicieux de la personne dans une situation d’attaque, et celui des déplacements le plus en harmonie possible avec ceux de l’attaquant, le tout dans le respect de la mobilité anatomique «naturelle». Ainsi, la pratique de l’Aïkido sur une longue période de temps ne conduit pas à des déformations ou des déséquilibres corporels, mais contribue au contraire à un développement harmonieux de l’équilibre général et de la musculature. Il n’est pas rare aujourd’hui de rencontrer sur les tapis des pratiquants qui ont dépassé les 30 voire les 40 ans de pratique assidue et qui maintiennent, parfois au-delà de 75 ans, sans contrainte éprouvante, leurs deux ou trois séances d’entraînement hebdomadaire.
L’entraînement en Aïkido
L’objectif ambitieux du budo est la transformation personnelle. L’exigence première est celle de maîtriser les lois du mouvement corporel, de l’équilibre, du tempo avec un partenaire attaquant, de la respiration... Les pratiquants s’entraînent pour « capter » le mouvement du partenaire et l’amener en déséquilibre, tout en restant eux-mêmes bien « centrés », c’est-à-dire stables.
La plupart du temps les techniques s’étudient avec un partenaire, chacun attaquant l’autre à tour de rôle pour lui donner l’occasion de perfectionner son mouvement. La répétition des mouvements est la base de l’enseignement. Dans une telle étude, il n’y a jamais ni vainqueur ni vaincu, seulement deux personnes qui s’entraident en respectant leurs niveaux respectifs dans la connaissance de l’art.
Etre « centré »
Le pratiquant d’Aïkido développe progressivement une posture décontractée dans laquelle il cherche à placer l’essentiel de sa gravité vers son centre physiologique situé dans le bas de l’abdomen. La gravité n’est ainsi plus une force à surmonter, mais sert au contraire de support et contribue à stabiliser la posture. Le résultat est qu’un mouvement même banal devient gracieux et ne demande que très peu d’énergie. Les effets de cette attitude et de cette prise de conscience de son « centre » sont aussi bien à mesurer sur le plan physique que mental. De surcroît, mis en application dans la vie quotidienne, de tels principes accroissent la vitalité, aiguisent les sens, et l’on se sent moins vulnérable aux irritations et contrariétés.
Les techniques et les styles
Du point de vue strictement technique, l’Aïkido met en jeu toute la palette des attaques logiquement possibles : coups portés à mains nues, avec les pieds ou avec des armes, et saisies soit sur la personne directement soit aux vêtements, que ce soit de face ou de dos. Il comprend également l’étude des mêmes à partir de la position assise au sol, avec un attaquant soit debout soit assis également.
Les techniques mises en jeu sur ces attaques sont principalement de deux ordres : immobilisations/contrôles et projections, au gré de la nature de l’attaque. L’enseignement se focalise sur l’apprentissage des principes fondamentaux et sur leur mise en oeuvre dans telle ou telle technique. C’est ainsi que le pratiquant enrichit progressivement son répertoire.
Les styles de pratique sont propres à chaque enseignant ou à chaque « école » : certains mettent l’accent sur la fluidité des mouvements, d’autres sur le développement de la puissance, d’autres enfin sur une très grande mobilité ou au contraire sur une forte stabilité au sol, ou bien combinent tel et tel de ces objectifs. Le « style » développé par certaines écoles peut être reconnaissable par un observateur expérimenté.